Lorsque la saison des icebergs tire à sa fin, une autre commence à Terre-Neuve-et-Labrador. Celle de la cueillette de baies sauvages. À vos seaux!
Ne vous méprenez pas si vous apercevez des gens accroupis en pleine tourbière, au bord de la route ou dans un sentier. Ils ne cherchent pas de l’or, mais plutôt des petits fruits sauvages! Ici, les forêts comme le littoral abondent de baies, de champignons et d’autres plantes comestibles hautement savoureuses et on ne se gêne pas pour en faire le plein!
La chicoutai
Vers la fin de juillet, ces joyaux couleur de pêche émergent un à un dans les tourbières. Leur goût acidulé et leur texture onctueuse en font un fruit plutôt original, qui fait de savoureuses confitures. Les cueilleurs gardent souvent leur lieu de cueillette secret, car ces baies sont aussi prisées que longues à récolter! En effet, on ne retrouve qu’un seul fruit par plante.
Fait à noter : vous trouverez ici la chicoutai sous le nom de "bakeapple", alors que dans le reste du Canada, elle se nomme "cloudberry". La légende raconte qu’à la découverte de cette baie, les premiers colons français se sont enquis de son nom, dans le langage folklorique : "Baie qu’appelle?". Les colons anglais auraient alors traduit cela comme du "bakeapple". Rien à voir avec de la pomme cuite!
Les bleuets
En septembre, c’est l’abondance dans les buissons. Ne partez jamais en randonnée sans un contenant assez grand... Car, où que vous soyez, il suffit d’emprunter un sentier pédestre pour trouver des bleuets! À ce moment de l’année, les Terre-Neuviens consacrent souvent leurs weekends à la récolte de ces petits bonbons sauvages, dégustés comme tels ou transformés en délicieux muffins et gâteaux.
Les airelles
L’automne est sans contredit ma saison préférée à Terre-Neuve-et-Labrador, puisqu’elle marque la récolte des airelles (ou lingonnes)! De la grosseur d’un pois, ces petits fruits rouges acidulés poussent au ras du sol en bordure de sentier et sont à leur meilleur après un gel. L’airelle se pare alors d’une robe cramoisie et éclate en bouche lorsqu’on la croque. Explosion de saveurs sans pareil qui rappellent Noël! On les transforme en confitures, en gâteaux, en scones… Les possibilités sont infinies!
La chicoutai, les bleuets et les airelles volent la vedette, mais notre territoire recèle de plusieurs autres baies! On retrouve notamment des fraises sauvages en abondance l’ouest de l’île en août. Les catherinettes, les framboises et les mûres sont également délicieuses d’août à octobre. Vous reconnaîtrez facilement les baies de genévrier et les canneberges sauvages, dont la récolte marque la fin de la saison de la cueillette en novembre. L’ouvrage Edible Plants of Newfoundland and Labrador pourra vous aider à les identifier.
Sachez qu’à défaut de cueillir vos propres fruits, vous pourrez satisfaire vos papilles dans les restaurants, qui mettent en valeur ces délices locaux dans leurs menus.
Une savoureuse tradition
À Terre-Neuve-et-Labrador, la cueillette de baies ne date pas d’hier. "Les autochtones et les Vikings ont toujours vécu au gré des saisons", souligne Lori McCarthy, fondatrice de CodSounds, une entreprise de St. John’s qui offre des ateliers et des excursions aux touristes comme aux résidants pour leur faire découvrir l’alimentation. "Puis l’arrivée des colons anglais et irlandais a scellé cette pratique également présente dans ces pays européens", poursuit cette ambassadrice des traditions culinaires de la province.
Les Terre-Neuviens et les Labradoriens ne dépendent plus des baies sauvages pour survivre pendant l’hiver, bien que ce fut le cas pendant des lustres. La pratique demeure encore pourtant bien vivante. "De nos jours, les gens s’adonnent à la cueillette davantage pour le plaisir de perpétuer la tradition. Ils partent en famille, cueillent quelques fruits et font un boil-up en forêt", illustre Lori McCarthy. Une tradition unique, à vivre absolument lors de votre séjour chez nous!
À propos de l'auteure
Originaire du Québec, Marilynn Guay Racicot est tombée sous le charme de Terre-Neuve-et-Labrador en 2018, si bien que St. John’s fut son port d'attache pendant plus d’un an. En plus d’explorer l’île à bottines, cette randonneuse et journaliste bourlingueuse a récolté des histoires pour Le Gaboteur, le journal francophone provincial, et contribué à la rédaction du plus récent guide touristique en français d’Explore TNL. Elle partage sur le blogue ses découvertes et ses coups de coeur lors de son passage à Terre-Neuve et au Labrador.
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