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François, un village unique dans les fjords de Terre-Neuve
Marilynn Guay Racicot • janv. 29, 2021

On m’avait parlé de Francois comme d’un petit village blotti au fond d’un fjord de la côte sud-ouest de l’île de Terre-Neuve. Un village minuscule sans routes ni voitures, accessible uniquement par la voie maritime. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre d’y mettre le cap.

C’est ainsi que je me suis retrouvée, quelques mois plus tard, à fraterniser avec les membres de l’équipage du MV Marine Voyager. Tantôt en français (un étudiant québécois en génie maritime y effectuait son stage estival), tantôt en anglais (l’anglais le plus terre-neuvien que je n’avais encore entendu jusqu’à présent).

Le capitaine, originaire de « Fransway » (c’est ainsi qu’on le prononce), me parle de son village natal, mais aussi de tous ceux que le bateau côtier reliait il n’y a pas si longtemps. Une bonne vingtaine d’escales entre Hermitage (à l’est) et Rose Blanche (à l’ouest), qui n’existent plus aujourd’hui. 

Pendant ce temps, dans la fenêtre du cockpit, les parois de roc géantes défilent, les fjords s'égrènent, et je suis émue à la vue de tant de beauté sauvage encore vierge. Après avoir passé quelques jours sur les plages exotiques de Burgeo, j’ai l’impression d’avoir pris un billet pour la Norvège. Cette île à la dérive du Canada ne cessera donc jamais de me surprendre ni de me séduire.


Quatre heures de navigation passent ainsi, puis monsieur le Capitaine fait vriller le gouvernail à bâbord et Francois apparaît enfin. Quelques dizaines de maisons colorées, une église, une école, un centre communautaire, un bureau de poste, un magasin général (fermé à l’heure du lunch et du souper!) sont posés ici et là, garnissant joyeusement le creux de ce fjord protecteur. 

Lors de notre visite, les rues du village sont décorées de fanions à l’occasion du festival annuel Francois Day et des célébrations entourant le retour d’anciens résidants à l’occasion du Come Home Year. Quelle expérience d’arpenter les trottoirs de bois qui serpentent ce havre de pêcheurs à l’abri du passage du temps! Ces chemins piétonniers font office de chaussée partagée avec les VTT, véhicules utilisés pour distribuer les victuailles et autres marchandises livrées par le bateau côtier.

Durant notre bref séjour de moins de 48 heures, nous avons randonné sur les falaises du fjord. Les résidants y ont aménagé de jolis sentiers qui offrent des points de vue plongeant sur le village et la baie, mais aussi sur l’arrière-pays sensationnel, où fjords, rochers et étangs semblent se profiler à l’infini. À ne pas manquer pour les amateurs de sensations fortes : aller à l’assaut du Friar, le point le plus haut de ce fjord, et grimper dans une grotte creusée dans la paroi rocheuse. Il est d’ailleurs possible d’organiser des aventures pour explorer ce territoire, à pied ou en bateau, en compagnie de guides du village. 


Entre nos balades dans le village et quelques discussions avec les habitants, nous avons aussi pagayé dans la baie turquoise et observé les enfants rigoler en s’adonnant au « squid jigging », la pêche traditionnelle au calmar. Leur dandinette fut éloquente, avec des centaines de mollusques récoltés! 

Se rendre à Francois : un voyage en soi


Si la destination vous enchante, sachez qu’on ne se rend pas à Francois par hasard. Il faut d’abord rouler jusqu’à Burgeo (environ 9 heures de route depuis St. John’s ou 3 heures depuis la sortie du traversier à Channel-Port aux Basques), puis prendre place à bord du bateau côtier qui assure le service de fret. La traversée dure quatre heures et inclut une courte escale à Grey River, à mi-chemin. Pendant que des passagers descendent, les matelots déchargent les cargaisons destinées à ce petit village « voisin » de Francois, également sans voitures. 


On ne débarque pas non plus comme un cheveu sur la soupe à Francois (à moins d’avoir de quoi bivouaquer). En effet, au moment de notre visite, il n’y avait qu’un seul hébergement touristique officiel dans le village. Il n’y a pas de restaurant non plus : le seul commerce du village est un magasin général, qui sert plutôt de dépanneur que d’épicier. Il vaut donc mieux prévoir des victuailles. 


Le voyage s’organise, mais pas trop non plus. Il faut connaître l’horaire des traversées pour bien planifier son séjour (le bateau ne s’y rend pas tous les jours), mais impossible de réserver sa place sur le bateau côtier qui accueille 40 passagers (20 en situation de pandémie). Il faut donc se présenter au quai d’avance et se procurer un ticket auprès des membres de l’équipage. L’aller-retour vous en coûtera 23,50 $ (argent comptant seulement). 


Enfin, autant vous prévenir avant que vous entamiez votre périple à destination de ce village improbable de Terre-Neuve-et-Labrador : toute personne qui pose les pieds à Francois en revient changée à jamais.


À propos de l'auteure

Originaire du Québec, Marilynn Guay Racicot est tombée sous le charme de Terre-Neuve-et-Labrador en 2018, si bien que St. John’s fut son port d'attache pendant plus d’un an. En plus d’explorer l’île à bottines, cette randonneuse et journaliste bourlingueuse a récolté des histoires pour Le Gaboteur, le journal francophone provincial, et contribué à la rédaction du plus récent guide touristique en français d’Explore TNL. Elle partage sur le blogue ses découvertes et ses coups de coeur lors de son passage à Terre-Neuve et au Labrador.

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